Vous en avez forcément déjà croisé un dans la rue, dans la boîte d’un designer ou dans un salon professionnel. Et même si vous ne connaissez pas le nom de ce gros rouleau de papier, vous vous fiez à son contenu puisqu’il vous guide et vous informe sur des produits ou des services. Je vous garantis d’ailleurs que vous ne vous êtes jamais demandé comment le kakemono est créé, comment a-t-il débarqué en Occident (puisque son origine n’est pas du tout occidentale, à en voir le nom).
Les origines chinoises du kakemono
Le week-end dernier, j’ai récupéré mon kakemono chez Corep. Me voyant ébloui par la quantité de kakemonos en train d’être préparés pour d’autres clients, le gars du design m’a expliqué qu’ils en impriment pas moins de 300 pièces chaque jour !
Aujourd’hui, on utilise le kakemono dans différents contextes de communication et publicité. Si au début, on le voyait surtout accroché verticalement au mur, les boîtes de pub n’ont pas hésité à le bidouiller au maximum pour attirer l’attention des visiteurs. Et pour mieux vous expliquer l’origine de la chose, procédons d’abord de façon étymologique : le terme « kakemono » signifie littéralement « l’objet accroché » en japonais (« kake » signifie « suspendu », et « mono » se traduit par « chose »).
On pourrait croire que le kakemono puise ses sources au Japon. Mais pas si vite car les civilisations anciennes de la Chine ne sont pas non plus étrangères à cette œuvre d’art. Autrefois, les peuples chinois réalisaient le montage en rouleau de tissus et papiers. Au début sous la forme horizontale, le montage en rouleau se faisait ensuite à la verticale pour mieux conserver les textes sacrés bouddhistes.
Le montage en kakemono était d’ailleurs très prisé sur les murs des temples bouddhiques pour suspendre les prières et, pourquoi pas, pour mieux dissimuler la misère des murs. Cette pratique ne fut importée au Japon qu’au 7ème siècle, toujours grâce aux moines bouddhistes. Et plus tard, elle perdit son sens bouddhique pour mieux prendre place dans les foyers japonais, affichant alors des dessins picturaux et moins religieux.
Les kakemonos japonais
Une fois le kakemono largement adopté au Japon, les autorités impériales n’ont pas attendu longtemps pour définir leurs propres règles en la matière. Ainsi voit le jour le véritable kakemono qui se présente roulé dans un coffret de bois. Agrémenté de calligraphie, l’objet est suspendu à une petite baguette de bois et lesté par une autre baguette cylindrique à l’autre extrémité. Vous comprendrez que c’est cette disposition qui permet au kakemono de tenir bien droite une fois accroché (exactement comme les kakemonos de nos jours).
Très stricts dans l’agencement des couleurs, les Japonais utilisaient de l’ivoire ou du cristal pour masquer les extrémités du kakemono. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que la conception de l’objet artisanal était confiée uniquement à des maîtres du dessin. Bref, le kakemono a perdu ses sens traditionnels, mais aujourd’hui la conception et l’impression du support incombent presque souvent aux professionnels du design.